A l’aube de nos mariages, nos badiane, nos tantes, nos oncles, parmi les nombreux conseils qu’ils nous ont prodigue, un seul était le dénominateur commun : ‘’MOUGNEUL’’. ‘’So demee, mougneul, nanga mougn, mougneul,’’ et tout le monde s’y met. On aurait dit une formule de politesse. Dire Mougneul à la future mariée était comparable au merci de circonstance. Et, en futur mariée, pleine d’illusion sur le bonheur sans fin, sans nuages, sans ombre que représente le mariage, on ne fait pas trop attention à ce terme, et, d’une certaine cote, trop de mougneul a tué le mougneul.
Après le beau temps, les petits nuages s’invitent, la pluie s’installe. Juste quelques gouttes, rien de bien méchant, et on mougne. Ces fines gouttes commencent à se transformer en pluie, on mougne, et quand la pluie se transforme en orage, c’est là que le fameux mougnal de tes badianes, de tes tantes et de tes oncles sonne ‘dring dring’ dans ta tête et que ce même mougnal se ressuscite sous tes yeux, et prend toute sa forme. Le mariage est fait de compromis, de sacrifices et c’est sur cette base que le mougn a tout son sens. On doit mougne, parcequ’on a fait le choix de partager sa vie toute entière avec une personne, parfaitement étrangère à notre passé, venue d’un horizon différent, avec une éducation différente, des points de vue parfaitement différents des nôtres ; c’est donc normal que de temps en temps, il y ait divergence d’opinion et de comportements. D’où l’importance d’apprendre d’abord à connaitre sa future moitie, avant de d’engager à perpétuité. Ensuite, le facteur chance joue sa très grande part et c’est une sage pensée qu’ont eu ces respectables artistes quand ils ont dit : Sey dou choix, sey chance leu. Le paramètre choix est très important, indéniablement, mais, il est très facile pour un homme ou une femme, quand on a un but précis, de se métamorphoser en époux ou épouse exemplaire, en attendant de concrétiser. Mais, puisque le naturel revient toujours au galop, les petits ou grands défauts se découvrent toujours pendant la vie commune. C’est cette même vie commune qui exige une certaine compréhension, de la hauteur et surtout, beaucoup de maitrise et de maturité. Quand on a un objectif commun, ou même individuel, qui peut être le bonheur, une famille soudée, un succès quelconque, on ne baisse pas les bras pour un tout ou un rien. On apprend à supporter plus que ses limites, qu’on apprend à dépasser, mais pas à n’importe quel prix, par contre. De toute façon, chaque personne connait les siennes, l’essentiel, c’est que tout se passe dans le respect mutuel mais aussi, dans le respect de ses devoirs conjugaux, des deux cotes. Par contre, on a le malheur, dans notre société, nous les femmes, d’être les porteuses de flambeau de ce concept. L’homme, le sexe fort, celui par qui tout se décide, celui par qui toutes les règles et bases de la société sont passées et validées, prônera ce concept et l’attribuera essentiellement aux femmes. Donc, c’est à la femme de Mougne. C’est à nos arrières grands mère, nos grand mères, nos mères, nous, et nos filles de mougne. Ton mari te trompe : Mougneul, ton mari découche : Ah mougneul, bene seye nekhoul ! Ton mari picole, te trompe, découche, ah mougneul. Ton mari te trompe, picole, découche, te bat : AH mougneul, Ton mari te trompe, découche, picole, te bat, ne te donnes pas la dépense et te trouves un Rakk, Mougneul, So beuguee sey domm barke, Il ne resterait plus qu’il te tue, pour qu’on puisse te décerner le prix de la meilleure mougneuse du Sénégal. Le mougne, certes, est très louable, mais tout abus est nocif.
Sey Khare la, disent nos grand mères et nos maman, et Dieu, qu’est ce qu’elles n’ont pas supporté dans leur ménage !!! 8 enfants sur dix témoigneraient de toutes les douleurs que leurs mamans ont endurées dans leur ménage, mille fois plus que ce que notre génération accepterait. La notre a subi l’occidentalisation, les concepts sur l’égalité, l’émancipation et l’autonomie des femmes , et maintenant la parité… et donc, n’accepteront pas ou alors, très difficilement, certaines choses que nos mamans, elles, ont supporté sans broncher, au prix de grosses frustrations allant même jusqu’à influer sur leur santé mentale et physique. Il est clair que les mentalités changent de génération en génération.
Chaque femme mariée a eu son lot de mougn et l’histoire montre que toutes celles qui ont mené à bien leur mission de mère et d’épouse connaissent la fierté d’avoir des enfants bénis et qui ont réussi. Quoi qu’on puisse alors dire, ce fameux mougne, a contribué à solidifier notre société, à sauvegarder des familles, à permettre aux enfants de grandir dans un foyer chaleureux et uni. Comme le hasard n’existe pas, d’un certain cote, il est plus évident pour une femme de supporter mieux la plupart des problèmes que les hommes. Notre cœur est plus ouvert et plus grand, notre cœur est fait pour aimer et ‘supporter ‘. Supporter nos enfants, notre mari, toute la pression que comporte un ménage et un foyer. Un exemple tout bête : l’homme se gêne rarement pour dire ce qu’il pense de sa belle famille, s’il estime que celle-ci a mal agi, ce que la femme serait bien moins encline à faire. Elle est capable de supporter jusqu’à ses derniers retranchements. La femme est plus subtile, plus encline à mettre son orgueil de côté, à laisser couler quand besoin est. La femme mougne par AMOUR, pour son mari, mais, essentiellement pour ses enfants, pour leur garantir une vie stable. Donc, c’est au mari d’être conscient de la valeur de ce qu’il a et de faire tout son possible pour combler son épouse et ses enfants car il n’est pas dit que la femme doit mougn pendant que l’homme fait ce qui lui plait. De toute façon, si c’est le cas, il en répondra demain devant DIEU et les hommes. L’équilibre est essentiel dans tous les rapports de partage. Les deux partenaires doivent faire autant d’efforts l’un que l’autre, pour que ca fonctionne. On prie en silence que ce mougne, persiste, car étant le socle de notre société.
La société occidentale a perdu cette valeur, en plus d’autres, raison pour laquelle 2 mariages sur 3 se soldent par un divorce. Et, qui dit divorce, dit enfants désorientés, déstabilisés, déchirés. C’est ces mêmes enfants que les parents, désespérés, cherchent à redresser en faisant appel à Pascal le grand frère. Faisons gaffe, mes frères et sœurs, si nous ne faisons pas attention, on assistera a Ngagne le grand frère, qui essaiera docilement, avec de la ‘psychologie’ de faire comprendre à Momo qu’insulter sa maman, ca ne se fait pas, alors qu’avant, ce Momo, on aurait démonté sa mâchoire, entendez par là,  »aadji ngaamame ».

Ps : Ces pensées ont été inspirées par le vécu de nos mamans, bonne fête à vous, chères mères, et merci pour tout. ON VOUS AIME.

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