
Dès l’entame de cette histoire faite de toutes les subtilités qui remplissent les existences
de chacun de nous, c’est le jugement facile : Marème, la jeune femme dévergondée et
manipulatrice qui couche avec le mari de quelqu’un, dans leur lit conjugal : KAWTEEF !
AKA BONE !
Cheikh, cet homme sans scrupule qui n’hésite pas à se rendre coupable pour la énième
fois d’adultère, dans son propre lit conjugal, quel mauvais mari !
Lala, l’épouse modèle et cocue qui ne se rend pas compte de ce qui se trame dans sa
propre maison…la pire des trahisons…Elle est remplie de sollicitude et de générosité !
Qu’elle est stupide ! Qu’elle est naïve ! Qu’elle est…Qu’elle est… !
Les personnalités s’enchainent…On rencontre Djalika, la belle âme, si bonne, si tenace,
et si résiliente. Une épouse mal aimée par son mari, et sa belle belle-mère, mais qui fait
tout pour garder son mariage debout ! Qu’elle est faible ! Qu’elle est manipulable !
Qu’elle est fataliste !
Et son époux, Birame, entre en scène. Ce mauvais mari, ce mauvais père, ce mauvais fils,
ce mauvais frère, ce mauvais collaborateur…cet homme malhonnête et peu
recommandable, qui a fait de la bouteille sa meilleure amie, ou peut-être, son seul
refuge ?
Et Raki, qu’elle est froide, cette femme ! Qu’elle est désagréable, cette jeune dame aux
allures si masculines ! qu’elle est fade ! Aucun style, son apparence ne compte pas, elle
est dans son monde !
La mère de Raki, la pire de toutes, cupide, méchante, froide et cruelle !
Et que dire de Mamy ! Cette dame si extravagante, si malveillante ! Celle qui n’a pas
froid aux yeux et qui, contrairement à Raki, cherche à attirer tous les regards. Ses
formes sont généreuses, elle en met plein la vue à ceux qui veulent bien les
apprécier…Mamy, maitresse du père de sa collègue et amie, qui en fait finalement la
fille d’une épouse cocue…
Sans oublier Dior, Moustapha, Mère Diagne…
Voilà en résumé, le tableau que nous sert cette belle production qui a le mérite de nous
bousculer jusque dans nos derniers retranchements, pour enfin faire face à toutes ces
vérités que nous taisions, par pure hypocrisie, certains l’appelleront de la pudeur, de la
soutoura…
Elle a également le mérite de mettre face à une de nos plus grandes tares : notre
tendance au jugement facile, cette manie de ne jamais relativiser, à priori…
MHM nous embarque dans plusieurs destinées, et au fil du temps, on comprend. On
n’excuse pas forcément (et qui sommes-nous d’ailleurs pour excuser, nous, pauvres
pécheurs ?), mais on découvre des histoires, des trajectoires, des vies, des combats, des
destins surprenants, des regrets.
On découvre des émotions, des circonstances, des déceptions, des tragédies. Chaque
personnage porte son histoire, comme on porte un fardeau, et pose des choix, des choix
qui ne sont que la face visible de l’iceberg, et sous l’eau, se cachent des douleurs et un bagage historique dont on ne peut parler. Des histoires qui ont échappé à leur propre contrôle, et qu’ils ont tous subis, malgré eux. Face à ceux qui les ont jugé…
Nous, le monde… ils ont, chacun, livré leur vécu, et démontré, à chacun de nous, que nul n’est
bon, ni mauvais. Ces qualificatifs ne suffiront jamais à définir l’humain. Certains choix
seront bons, et d’autres ne le seront pas. Et si nous devions nous arrêter à toutes les
actions que nous avons faites dans notre vie pour nous définir, nous virevolterions du
rouge au vert. Nous sommes nos choix, disait l’autre…Nos vies sont faites de choix, des
choix qui sont motivés par des émotions, des sentiments. Nos choix sont les résultats
d’un conflit, entre plusieurs sentiments, en notre sein. Et celui qui prendra le dessus
aura toute la latitude d’indiquer la marche à suivre.
En notre sein, s’affrontent la peur : la peur de perdre l’autre, la perdre de se perdre, la
peur de l’inconnu, la peur du changement, la peur de perdre l’objet de son amour, de
ses combats, la peur de perdre la stabilité qui a valu tellement de sacrifices…Bref, la
peur.
Et puis, il y a l’amour, l’amour de soi, l’amour de l’autre, l’amour des siens, l’amour de
Dieu, l’amour de la Dunya…
Il y a également l’espoir, le sens de l’honneur, la foi, la confiance…
Tout ce cocktail d’émotions compatibles, ou antagonistes qui s’entrechoquent devient
le théâtre d’âpres discussions, d’échanges intenses, de combats…Et en fin de compte, le
sentiment, ou les sentiments qui prennent le dessus, prennent les rennes. D’où
l’importance d’éduquer son âme…Tout un art….
Parlons, pour cette première fois, de Marème…Au fil du temps, on se rend compte que
Marème est une femme de caractère, honnête et ambitieuse. Elle est brillante,
intelligente, belle et sensible. Elle est drôle et attachante…Marème est une chic fille,
l’amie qu’on rêverait tous d’avoir, et pourtant…Pourtant elle sort avec un homme
marié, beau-frère de sa meilleure ami…Est-elle une mauvaise femme, à priori oui,
diraient certains…Et pourtant !
On finit par découvrir que Maréme est une femme blessée, une femme qu’un homme
sur qui elle avait fondé l’espoir d’un avenir heureux a brisé, et qui a tenté tant bien que
mal de se relever, en s’accrochant à une branche qui lui paraissait solide, Cheikh…
Cheikh, le gendre parfait, l’homme idéal, aux premiers abords.
Elle en tombe amoureuse, et là, le glas tombe, il est marié. Mais l’amour, l’amour est
tellement fort, qu’il a dirigé les choix de Marème. Son engagement avec cet homme
déjà pris aura des retentissements dans d’autres vies. Celle de la femme de cet homme,
objet de son amour, celle de la fille cet homme…Même l’amitié solide qui la liait à
Djalika n’a pas pu résister…Les resultats de ses choix.
Et à la fin de la journée, Marème est seule, au milieu de tous ces débris. Mais l’amour
étant toujours plus fort, permet d’inviter un autre sentiment, l’espoir, dans le cœur de
cette ‘’maitresse d’un homme marié » …
Guidée par l’espoir, Marème décide de
constater, et d’assumer tout ce désastre, en son sein, l’amour a gagné.
Elle assume, parce qu’elle espère que son homme marié, qu’elle aime profondément,
sera à ses côtés, pour la soutenir…Oui, elle espère…
Et en attendant, chez son homme, la peur fait la loi…
La peur, et l’espoir…Un mariage impossible ? La peur et l’amour, une union impossible ?
Le temps nous le dira…
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