Loin…

Je suis loin, loin de toi, de toi, de toi et de toi, loin de tout qui a fait de moi, moi. Loin de ce qui a façonné ma personne. A trois frontières de ma patrie, j’ai rencontré l’autre…

L’autre Africain, l’autre, si diffèrent de moi, qu’en l’espace de quelque jours, je me sentais quelque peu perdue.

L’inconnu m’excitait…Comment allais-je vivre tout cela ?

L’autre fut accueillant et souriant. L’autre fut serviable et positif. L’autre fut disponible et respectueux.

Je n’en fus pas surprise, on m’avait déjà dit qu’au pays des hommes intègres, les gens étaient chaleureux.

Mais la chaleur des autres, quand on loin de chez soi, ne peut pas toujours réchauffer ce froid créé par le vide que notre âme, notre cœur ressentent en l’absence de ceux et ce qui nous sont chers.

Peu importent les conditions dans lesquelles on vit, à un certain moment, ce qui nous manque, c’est le regard de maman, le sourire de papa, les paroles du guide, les rires des amis, les bras de la sœur, les klaxons des voitures, les pots d’échappement des car rapides, les ‘’Ngor Ouakam, Yoff’’ de la voix de l’apprenti qui monte rapidement dans les aigus (oui, je suis devenue pro depuis que je regarde the Voice), les lignes 42 et 36, le marché Dior, les pains Akara / pastels de Adji, l’ambiance de la salle de sport, la route de Saly et des iles du Saloum (surtout quand le Samedi, Dimanche, Lundi et mardi sont Off chez les hommes intègres, parcequ’ils ont choisi la veille d’un férié pour dire ‘’boum bye-bye’’ à Blaise, ce qui leur a fait 2 fériés : lundi 31 octobre et mardi 1er novembre), ces vendeuses de thiaff et de guertè khott, les madd, le bon thièrè au Laalo bien sénégalais, le poisson de Ouakam, si frais, le poulet de chair à 3000 balles, le guedj et le Yeet, le Kong fumé, le diww niorr, le tchin à la sénégalais, le indè aussi, le gueune bien étroit et le Kour assortis, la gamme diverse et variée de thiouraye, les bonnes dames sénégalaises en mode ‘’faire jusqu’à ce que ça soit bien’’, faire jusqu’à ce que ça saute’’…eupance, popance, segnsèance, cheuveuance brèsilien et indien, teintcaramelance, tagalou et guilli, breffff, tout l’arsenal de la djonguèologie à la sènègalaise… , les ‘’ Djadeuf, bèguè, nio farr, nakala ?, lègui lègui ! lep diam ? meut neu, yokh leu, fi la eupè ! Même les gouney waaliyèè en pinw en arrivent à me manquer, les ponts, et même le petit tunnel de Soumbèdioune, c’est pas aussi long que les avenues sous-terrain de Bruxelles, mais c’est quand même un tunnel, en Afrique de l’Ouest, s’il vous plait !. Le Sea plaza aussi, la place du Souvenir, la Corniche sa vue époustouflante, la pointe des Almadies avec ses bons yabooys braisés et ses platou bouth you djaroul dara ndeysaane…quand je pense que la Daurade est un produit de luxe à Ouaga, ndeketè, en réalité, gnoune rek gnoo yapp daurade, mais star leu dé !

Ce qui nous manque, c’est ce sens de l’humour bien de chez nous, la dernière expression à la mode, cette connexion avec les autres, de chez nous….

Partir, vers l’inconnu, ce défi qui nous transforme et nous fait découvrir une autre facette de notre personne. Partir et rencontrer d’autres, qui comme nous, ont quitté leur patri. On se retrouve finalement dans un cercle très cosmopolite, au milieu d’autres d’autres. On se retrouve à devoir ‘’composer’’ avec une culture totalement différente de la notre, avec une religion différente, des croyances parfois opposées, tellement de choses qui vous différencient mais qui vous rapprochent, de par la curiosité que la différence suscite, de par le fait aussi qu’on est tous un peu ou très étranger, dans une terre d’accueil qu’on foule avec prudence ; Normal, on prend ses repères, on analyse, on choisit, et on va naturellement et finalement se retrouver dans un Sénégal en miniature, dans une nouvelle zone de confort, une réplique de l’ancienne, et dans laquelle on finit par trouver son équilibre.

On se fait de nouvelles connaissances, qui finissent par devenir des amis, et même des frères et sœurs, des pères et mères, des oncles et tantes.

On finit aussi par accorder plus de respect à sa patrie. On se rend compte que Dakar n’est pas si mal que ça, et même pas mal du tout…les routes goudronnées, toutes ces enseignes ces restos, cafés, bars, hôtels, centres commerciaux prennent soudain de la valeur à nos yeux. On avait tellement l’habitude d’avoir tout cela à portée de main que les perdre en devient presque douloureux. On devient fier d’appartenir à ce pays, respecté par delà les frontières, et du coup, je suis fière de dire que je suis sénégalaise, et encore plus fière quand on me dit ‘’ les sénégalaises sont tellement coquettes’’, ‘’les sénégalaises savent s’occuper de leur homme’’. Ma nostalgie me fait alors sortir des choses comme celle ci : ‘‘ Nous seulement dans sénégalais, on ne suffit pas jusqu’à rester’’ …il faut bien que je traduise ceci : ‘’Gnoune rek si sénégalais, doyougnou bey desss !’’… Allez savoir ce que signifie cette énième ‘’Senegalaiserie’’ !

Crédit photo: The casual obs

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  1. belles réminiscences…Dakar emprisonnée dans de beaux filets de mots qui devraient attirer tout homme avide de sensations nouvelles, de rencontres avec autrui… mais aussi belle description de ce spleen qui étreint le voyageur parti conquérir l’inconnu…en somme un texte à hauteur d’homme qui nous ramène vers la raison et l’humilité, vers la juste mesure des choses banalisées au quotidien. lu votre chronique sur Jojo aussi. elle est étonnante de lucidité

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