Il est 13h45 et je me jette pour ne pas dire me lance (vous comprendrez plus tard) dans la circulation. Je quitte le point E pour aller à guediawaye. Je fais mon schéma vite fait dans ma tête et décide de prendre, canal fass, colobane, autoroute, pikine, et voila ! Guediawaye je suis là, eh oui, je me voie déjà sur guediawaye, « droitant à gauche » pour me garer. Mais….
Je prends la route du canal 4, et mon dieu ! Je tombe sur un embouteillage indescriptible sur le croisement. Coups de claxons à droite, car rapide bondissant d’un coup, sur un coup d’accélérateur à droite, taxi montant carrément sur le trottoir pour se frayer un chemin juste, tout juste devant moi. Je garde résolument la tête haute, après avoir servi au taximan un « xelou » historique, et garde mon pied bien posé sur l’accélérateur, JAMAIS, il ne se mettra devant moi, il n’est pas plus pressé que moi. Je fais mine de ne pas le calculer même si mon cœur a pris un coup d’électrochoc, je garde un calme des plus hypocrites sur des sourcils bien froncés. Il lâche prise ce cher taximan qui se croit plus intelligent que le monde et enfin, je respiiiiree ! Je braque un peu à gauche, freine brusquement, je n’avais pas vu le bus qui venait à droite et qui n’éprouve aucun sentiment pour une jeune femme angélique et innocente comme moi, et je me demande ou est passé la galanterie !
Le bus est passè et comme par magie, on dirait que les autres véhicules derrière sont collés à lui par un fil invisible, même rythme, même cadence. Mon cher taximan klaxonne comme un malade, derrière, les conducteurs s’impatientent, mais, « nioo kham dè », moi je prends mon temps mais pas de risques. Imaginez, un petit choc, tu appelles un huissier, tu débourses minimum 15000 et tout le tralala des assurances etc…Taloumako !
Enfin !!! Un gentleman s’arrête gentiment et me fait signe de façon très élégante, la main posée sur le volant, de passer. Je le remercie de signe de la main, mais vraiment, du fond du cœur ; que serais devenu sans lui ?!
Ouff… Je respire de nouveau, là, je suis sur une route dégagée, premier rond point. Je roule tranquillement jusqu’à hauteur du deuxième rondpoint. Sachant que j’ai la priorité, je ne me souci pas de qui vient de la gauche (théoriquement), je passe mon chemin, toisant le taximan 2 qui lui, est venu de gauche et a voulu faire fi de la nouvelle procédure. J’accélère, il accélère, mais, sachant que c’est MOI qui ai la priorité, je fais l’aveugle, tout en priant qu’il ne me rentre pas dedans. Moins 5, il m’aurait amoché l’aile avant gauche, mais je tiens bon. Je le contourne, lui lance un tchipatou légendaire et poursuis mon chemin. Au troisième rond point, là, c’est le vrai bordel ! Les camions containers, la compagnie s’en fout la mort (Bus TATA, DDD, CAR RAPIDE et, last but not least : CAMION). Woooy !!! On dirait un jeu vidéo où on doit passer des obstacles. Level1à 10, et ce rond point, c’est le level 11 !!! « Mme, Mme, j’entends, me retourne, et je tombe sur un visage très sérieux qui m’annonce que ma roue et crevée sur le coté gauche, je me retourne pour vérifier, et, comme par hasard, je sens que cette histoire ne tourne pas rond. Aussitôt, je me retourne coté passager et je vois mon IPHONE chéri entre les mains de ce voyou de première et je crie. Sous la surprise, il lâche l’affaire et je ferme mes vitres. Maxala, la chaleur nous condamne à des habitudes extrêmes et très dangereuses ; carburant là est cher et climatiseur même ne marche pas !
Bon, bref… Je me demerde tant bien que mal pour sortir de ce labyrinthe et me faufile, tourne un peu à gauche, un peu à droite, freine, reprend à gauche, demande poliment à cette dame qui me laisse passer avec le sourire, et hop, j’attaque le pont. Arrivée au virage, les ampoules de mes phares ont failli griller. Code phare sur code phare, tout le monde m’ignore !!! Comment les gens peuvent ils être aussi méchants ? Aussi indifférents ? Surtout les taximan. Ils ne te calculent même pas. J’attends alors patiemment que tout le monde passe, et je suis mon chemin.
Je me lance sur l’autoroute et laisse tranquillement mon pied sur l’accélérateur. Je roule, je roule, tranquille, Rihanna en fond sonore, étouffé par le vvvvvvvvvvhhhhhh du vent sur les vitres ouvertes. Je dois alors choisir : soit Rihana ou le frais. Mon choix se porte sur la première option. Je lève les vitres, bouge ma tête au rythme de la musique, et je chante. Je jette un regard sur mon tableau de bord et je m’aperçois que je suis à 120. Oups… Je ralentis un peu, et m’engage vers notre réussite nationale, l’autoroute à péage. Le chantier le mieux réussi de l’alternance… Tu peux rouler comme tu veux, personne ne te gène, il suffit juste de se mettre sur la bonne voie. Je suis aux anges, une autoroute aussi large, ahhh, je respire !! Hoooo !! Sacrilège !! C’est quoi ça ? Je rêve ou c’est ce que je croie voir que je voie comme ça ? Je voie un tas de tissu blanc volant et traversant l’autoroute…euh non, non, c’est un vieux, dans la cinquantaine, qui s’est élancé comme un fou pour traverser, oh mon Dieu, regardez moi cette dame là, et ce jeune homme. Je me demande tout d’un coup si ces gens n’ont pas décidé de se suicider collectivement parce que ce que je vois là, la raison ne l’accepte pas. Je me pose la question « qu’est ce qui fait que ces gens là, voyant une autoroute aussi large, avec des véhicules de toutes sortes, peuvent ils penser même une seconde à traverser ? » Vraiment ces gens n’ont pas envie de vivre longtemps, ils s’amusent avec la mort…
Je suis en pleine réflexion lorsque j’arrive à la sortie qui me ramènera vers guediawaye. J’en suis à mon 4eme rond point. Tchey, avec tous giratoires, on a l’impression que Dakar a battu le record des ronds points en Afrique. En plus, j’ai remarqué que c’est toujours bouché parceque les conducteurs n’ont aucune discipline. Un bruyant coup de sifflet me réveille de ma méditation et j’aperçois un policier, lunettes « noirs fumés » made in china, me faisant signe de me rabattre à droite. Il cultive tout un mystère autour de lui et après un salut des plus conventionnels, me demande : permis, je lui donne, carte grise, je lui donne, assurance, je lui donne, vignette, je lui donne (non sans exploser de fierté et de joie intérieurement). Il me lance, comme s’il fallait qu’il le sorte : « vous êtes trop en règle vous ». Et là, je ne peux m’empêcher de sourire. Je le remercie et poursuis mon chemin, devenu si pénible, et m’engage sur la rue 10. 200m, je tombe sur une charrette qui prend son temps, et ça, ça m’énerve ! Je roule maintenant à son rythme, c’est-à-dire 0.267 m à l’heure ; et le comble, c’est que dans l’autre sens, il y a un embouteillage monstre. Je suis super vènère !!! Et, comme il n’y a pas clignotant dans charrette, il tourne sans crier gare, j’ai à peine le temps de freiner et de voir dans mon retroviseur le camion qui moins une, aurait fusionné avec ma pauvre petite voiture.
Que d’émotions !!!
Le reste du chemin, je le fais dans un état second, rongée par la peur, la colère, l’énervement… Bref, un état de stress général doublé d’un amusement sans limites, surtout en apercevant à ma gauche, à l’arrêt de car rapides, un cocktail incongru de vieux, jeunes, dames, jeunes filles, enfants, se disputant une frêle portière de ndiaga ndiaye, dans l’espoir de trouver une place. Il faudrait que l’état trouve un moyen de régler ce problème. Quoique comme spectacle, il n’y a pas plus drôle mais quand même, rien de plus pathétique. Je tourne mon regard, sous le soleil ardent, j’aperçois une jeune femme guinéenne, vendeuse de « guertè xott » essayant tant bien que mal d’attraper son petit garçon d’environ 2 ans, récalcitrant, au ventre bondé par le cuachiorcore. Mon cœur se meurtrie. Je me demande quand est ce que ce type de scenario disparaitra, quand est ce que les gens pourront vivre correctement, sainement, se payer leur consultations, leurs médicaments, c’est vraiment triste. Mais…. C’est ça le Sénégal.
Pour en revenir aux faits, Je me rends compte d’une chose, la façon de conduire de nous sénégalais reflète parfaitement notre comportement au quotidien et notre état d’esprit. LAXISME et EGOISME. Aucune rigueur ni respect des règles, sauf sous haute surveillance. C’est malheureux de voir qu’on besoin d’être toujours mené au bâton…

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