« Nous étions dans notre chambre, à l’étage, ma cousine et moi, entrain de jouer. C’était un vendredi, avant la grande prière. Nos parents étaient au bureau, la ménagère était dans la cuisine, au rez de chaussée. Le responsable de chantier de mon père, un imam très respecté dans un quartier résidentiel de Dakar, nous a appelées, de la chambre voisine. Il venait de finir ses ablutions. Nous vînmes le trouver, et là, il était devant nous, en serviette nouée autour de la taille. Il s’avança et ferma la porte à clé. Nous ne comprenions pas trop ce qu’il faisait. Il nous a alors dit qu’il nous aimait et qu’il voulait faire l’amour avec nous. Nous ne comprenions toujours pas. Faire l’amour ? Comme dans les films ? Il s’est alors approché de moi, a laissé tomber sa serviette, et m’a embrassé sur la bouche. J’étais paralysée, je tremblais de tout mon corps, j’avais peur. Ma cousine a couru vers la porte mais il m’a lâchée brutalement pour la rattraper et je suis alors tombée. Il l’a menacée en lui disant que si nous tentions quoi que ce soit, il allait nous tuer avec le couteau qui trônait sur sa table de chevet. J’étais toujours à terre, en pleurs. Il m’a soulevée comme une feuille, m’a posée sur le lit, il était toujours nu. Je n’oublierai jamais cette image. Ma cousine, elle, pleurait en silence. Il a alors soulevé ma robe, enlevé ma culotte de petite fille, je me rappelle, rouge avec des papillons blancs et bleus. Je portais une robe fleurette, rose. Il m’a violée. J’avais mal, très mal, très très mal. J’avais fermé les yeux. J’étais en proie à la terreur, à l’horreur, au dégoût et, en même temps, je ne comprenais pas. J’entendais au loin ma cousine pleurer. Elle aussi, subit le même sort, sur le sol froid et carrelé. Quand il finit, il dit « Même si vous racontez ce qui s’est passé, personne ne vous croira, vous êtes des gamines de rien du tout ». Il nous a ordonné d’aller nous doucher. Nous nous sommes exécutées, tétanisées par la douleur et la peur.
Nous étions souillées de ce que nous avions appelé «sombi*». Nos parents ont su ce qui s’est passé une semaine plus tard. Ils ont préfère se taire, au nom du soutoureu, du légendaire maslaa, cette hypocrisie généralisée qui a couté l’avenir a tellement de jeunes filles et jeunes garçons. »
Imaginez une seule seconde que ce soit votre enfant qui est entrain de faire ce récit. Imaginez, une seule seconde, la chair de votre chair, le sang de votre sang, l’âme de votre âme, l’être de votre être, cet être qui vaut plus que votre propre vie, cet être sans qui vous ne serez plus vous, qui illumine vos journée, aiguaye votre vie, cet être que vous avez mis une éternité à attendre, que vous avez enfante dans la douleur et la patience, cette boule enracinée a la place de votre cœur a qui vous donneriez le vôtre pour qu’il vive s’il fallait, imaginez ce même être subir ce sort, connaitre les assauts, souvent répètes d’un criminel malade qui ne sait pas faire la différence entre une femme mure et un jeune enfant de cinq ans. Imaginez un seul instant votre enfant au-dessous de cet être ignoble qui ne mérite même pas de vivre, la faisaient découvrir, de la pire façon, la sexualité, alors que son corps n’est même pas encore mature, apte à ce genre de relation. Il faudrait être un monstre pour ne rien ressentir. Alors, comment expliquer le fait que malgré ce frémissement atroce que notre cœur ressent au moment où on apprend une telle horreur, malgré la révolte, malgré la douleur, on se taise, on fait comme si de rien n’était, et on sacrifie la vie de ce pauvre innocent qui n’a rien demande parce qu’on a peur, qu’on a honte, qu’on veut soutouraal un fils du mal. Dans d’autres cas, l’enfant se tait, et vit avec son lourd secret jusqu’au jour où il explose en son fort intérieur, et qu’il subisse les affres de la dépression ou même de la perversion. Ce qui se passe dans notre société est innommable, nous jouons aux saints tous les jours, aux bons croyants alors que nous cautionnons ce fait sans broncher. Combien de fois des « hommes de Dieu » ont-ils été indexes, coupables de pédophilie ? Combien de fois des ‘’oustaz » » ont-ils été indexes pour viols sur des pauvres talibés devenus homosexuels une fois adultes. Combien de fois ? Des vieux de 70 ans révolus, la barbe blanche, le chapelet pendant, coupables devant Dieu et les hommes. Combien de fois des tatas, des ménagères ont-elles été indexées pour avoir elles aussi, abusé de petits garçons qui ne comprenaient rien de ce qui se passait ? Nous nous devons d’être plus regardants, plus méfiants, plus prudents. Etre même paranos, si cela peut sauver des vies. Deux fillettes de 4 et 7 ans ont été atteintes d’une MST transmise par un jeune homme SDF recueilli dans leur domicile. Ces coupables devraient être purement et simplement castrés, sans aucune forme de pitié. Au moins on est sûr qu’ils ne recommenceront plus. Notre société est infestée de pervers, et tant que nous tous nous ne prendrons pas les décisions qui s’imposeront, au-delà des considérations sociales qui prennent trop souvent le dessus sur notre amour filiale, sur notre devoir devant l’éternel, de protéger notre progéniture, de la défendre, quoi qu’il arrive, nos filles et nos fils continueront à être violés, marqués au fer rouge de la douleur, de la honte et du dégoût à vie, et ça, nous ne l’emporterons pas au paradis.
*Riz au lait
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Souffrance en silence. C’est le cadeau des vieux malades qui ainsi préparent une génération de criminels et de maladie. Il faut savoir se protéger… et les siens, petits garçons comme petites filles; leur apprendre à ne jamais garder le silence pour ces choses qui sortent des esprits maudits. Et agir.
Mais dans une société où tout est déréglé: on accepte l’homosexualité, et bien d’autres « fripochteries » qui n’ont aucun sens et auxquelles on donne des excuses, comment ferait-on pour être à l’abri de ce qui nous détruit l’âme?
C’est triste… et la solution est quelque part ailleurs. La prison est insuffisante car elle est incapable de prendre en charge le grand nombre des malades. Et là aussi la chose se pratique au non de la justice sur les mineurs comme sur les adultes, car gouvernant et gouvernés sont tous dans le même train pourri de la honte et de la destruction.