« Drrriiinnnnnngggg » Mon réveil sonne, à la même heure. Je l’arrête, excédée. Il insiste, comme pour me narguer, après ma trop courte nuit. J’ai comme une envie de pleurer, que je refoule. Non, ma journée vient juste de commencer, je ne vais pas rater le top départ, je me le refuse. Et pourtant, les événements de ces dernières heures n’arrangent en rien mon humeur. Sous ma fenêtre, toute la nuit, j’ai eu droit à des « Thiants ». Ces regroupements dans lesquels le nom d’ALLAH, est scandé, chanté, loué, toute la nuit…Louable non ? Mais, qu’en est –il de celui qui, lui aussi, à sa manière, glorifie ALLAH, en travaillant, par exemple?!
Et qui, lui, a besoin de dormir, la nuit; et qu’il ne peut justement pas se reposer, parce que, sous sa fenêtre, ses co-religionnaires (peut-être même pas) rendent grâce à Dieu. Qu’en est-il de mon nourrisson de 6 mois, dont la poussée dentaire a causé diarrhée, vomissements, fièvre et éruption cutanée ? Ce pauvre petit bébé dont les pleurs étaient ponctués par le bruit des tam-tams, au dehors. Ce bébé, qui, au moment de ma énième tentative d’endormissement, a sursauté et éclaté en sanglots, pris de peur, par le hurlement venant d’on ne sait quelle âme illuminée ? Maintes fois, je me suis désolée, maintes fois, je me suis reprise. Maintes fois, j’ai eu envie d’aller tout casser, de leur crier ma rage, mon envie de me reposer, après ma rude journée de ‘’femme active’’, mais je me suis vite ressaisie.
Ils me prendraient vite par le collet, et me transformeraient en bouillie, me déclarant coupable de blasphème, sans présomption d’innocence. Leur idéologie, il ne faut pas y toucher, d’autant plus qu’à certains moments de « Yeeekk », (ascension spirituelle) il ne faut surtout pas les chercher. ‘’O Rage, ô désespoir!’’ avais-je envie de crier. ‘’O colère, ô impuissance! ‘’ avais-je envie de hurler. J’étais révoltée ! Et, dans ma balance mentale, je pesais le pour et le contre. Qu’est ce qui prenait le dessus, finalement, entre le « Akhou deukeundo » (qui peut se traduire par les droits du voisin) et les prières communes nocturnes ? « Akhou Deukeundo » car, à des centaines de mètres à la ronde, des foyers cherchent le sommeil ; des riverains, désabusés, ont dû faire un grand détour car la route avait été barrée, pour les besoins de cet évènement. D’autres ont dû, suite à une urgence médicale, courir chercher un taxi : le véhicule avait été bloqué. ..
Trêve de ruminations, il faut que je me trouve la force de m’arracher de ce lit, que j’aille réveiller mes deux petits anges, que je leur prépare le petit déjeuner, leur fasse leur toilette, leur prépare leurs bagages, et que je les dépose à l’école, après une opération « douche, habits, prière » express.
Je réussi mon pari en 1H30, et quitte la maison en trombe. Je n’ai même pas eu le plaisir de faire un « au revoir » convenable à mon cher et tendre époux, me voilà dans ma voiture, accélérant à tout rompre, et criant sur ma fille ainée qui se dispute le siège avant passager avec son petit frère « Non, c’est ma place ! Mamaaaaannnn ».
« Ouiiiiiiiii, restez tous les deux derrières, et ne m’énervez pas, vous avez compris ? ! ». Elle, a compris. Lui, n’en a que cure de mes accès de folies. Au contraire, ça le fait rire. Sa témérité me bluffe, mais je n’ai pas le temps de l’analyser, ni de chercher à l’intimider. Je m’arrête, sors du véhicule, et ouvre la portière de derrière. Je les attache à leurs places respectives et me remets hâtivement à ma place..
Vite, il est 8H03 ! Aujourd’hui, Il faudra vraiment que je m’épargne la honte quotidienne de devoir traverser la cour de l’école alors que tout le monde est en classe et d’entrer dans les classes des enfants sur la pointe des pieds, avec un sourire ridicule (pour cacher ma gêne) pour dire : « Désolée hein maitresse! ». Et elles, la maitresse et ses assistantes, de hocher la tête, d’un air circonspect.
Cette fois ci, on est presque à l’heure. Je suis arrivée en début de cours. Bon, ses camarades avaient déjà pris place, mais je ne vais pas faire la fine bouche, il y a pire, comme quand je les trouve en pleine lecture. Quelle HONTE ! Oh Mon Dieu !
Je cours vite à ma voiture, et ma vue sur le rétroviseur me stoppe net. Ces cernes. Ces taches, ce visage, ce teint terne…Sans maquillage…Ces cheveux attachés à la va-vite…Quelle poisse ! Je ne m’aime vraiment pas ! Je reprends le volant, direction centre-ville.
4 Responses
Belle plume verite absolue. Oh la femme une vraie battante et qui ne se plaint jamais gatier galama nioune djiguene yi . Sans compter le stress qui nous attend au taf c unvrai delire.
sa plume relate les faits de la société dont nul n’ignore.
On se croirait presque dans ma vie. En tout point… Lol quand je demande à ma fille si nous sommes les seules à arriver en retard comme ça… Chiii maman y’en a qui arrivent même juste avant la récré !! Bon! on se rassure comme on peut…
Admiratrice n°01
Ma sha allah que du bonheur de te lire…, on dirait que tu parles pour ttes les superwomen…. bonne continuation